Pauline, demoiselle des grands magasins by Gwenaele Barussaud

Pauline, demoiselle des grands magasins by Gwenaele Barussaud

Auteur:Gwenaele Barussaud [Barussaud, Gwenaele]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Historique
Publié: 2015-01-14T23:00:00+00:00


Et elle se coucha, avec l’espoir que le sommeil étouffât dans son cœur les dernières flammes de son amour, naissant et déjà sacrifié.

Deuxième Partie

Chapitre 18

Une robe à crinoline

Chaque année, L’Élégance parisienne éditait un agenda buvard aux couleurs du « plus grand magasin de la rive gauche ». Les clientes avaient ainsi constamment sous les yeux les dates des ventes spéciales, celles des déstockages et des nouvelles collections. En janvier, le blanc était célébré avec les draps, les calicots, les trousseaux, le linge de maison et la bonneterie. En février, les Parisiennes venaient acheter gants, parfums, dentelles, fleurs et plumes pour les chapeaux. En mars apparaissaient les nouveautés en matière de mode. En avril, c’était les toilettes d’été pour dames, hommes et enfants. En mai étaient exposés les chapeaux, ombrelles, articles de voyage et de sport. En cette année 1867, on avait même vu apparaître, à côté des toilettes de campagne, quelques costumes de bain de mer…

Désormais pour Pauline, l’année était rythmée par la succession des expositions qui métamorphosait l’intérieur du grand magasin en des mises en scène grandioses, orchestrées par monsieur Bauvincard lui-même. En ce mois de juin, on soldait les nouveautés d’été pour préparer l’exposition des articles de maison qui, dès le mois d’août, viendraient envahir le grand hall d’entrée dans une juxtaposition savante de tapis d’Orient, de meubles, de services de table et d’objets d’art. Il y aurait ensuite, en octobre, les toilettes d’hiver, puis, en novembre, les fourrures, velours, lainages et draperies. Enfin, les nouveautés d’hiver seraient soldées pour faire place aux jouets et étrennes du mois de décembre. Pauline se réjouissait de ce calendrier, précis et rassurant : c’était comme si monsieur Bauvincard avait apprivoisé le temps et l’avait soumis à la cadence ordonnée de son commerce. Elle le feuilletait le soir, et il lui semblait alors voir se dérouler l’année tout entière, dans l’écoulement régulier des mois, ponctuée par les sorties dominicales avec ses sœurs, à l’abri de tout imprévu.

Elle jeta un coup d’œil circulaire à son rayon et en fut satisfaite : tout était prêt. Les nouveautés étaient exposées dans un désordre savamment organisé et les vendeuses accueillaient les premières clientes de la journée. Quoiqu’il fît particulièrement chaud en ce début d’été 1867, les employées de son rayon, sanglées dans leur robe de soie noire, conservaient leur maintien et leur sourire aimable. Elles souffraient pourtant d’être enfermées dans le grand magasin comme dans une fournaise, la verrière centrale augmentant encore la température. Mais les vendeuses accomplissaient leur besogne avec zèle, sans rien laisser paraître, tandis que leurs clientes usaient de leurs éventails et réclamaient des boissons fraîches pour étancher leur soif.

Les ventes ne faiblissaient pas en ce mois de juin où les Parisiennes se précipitaient à L’Élégance parisienne pour d’ultimes achats avant de quitter la capitale pour leur résidence d’été. Depuis que l’impératrice Eugénie se rendait régulièrement à Biarritz pour y jouir de l’air marin, on s’était pris de passion pour la côte atlantique. De Deauville à Biarritz, les stations balnéaires fleurissaient sur le



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